" Voici le récit de ce qui s’est passé à bord du navire goélette « la Blanche Marguerite » de SARZEAU près de Vannes, 79.57 tonneaux sous le commandement du Capitaine LE BIBOUL lors du voyage de ROUEN à GOTHENBORG.
Le navire était bien équipé lors de notre départ de ROUEN.
Nous quittions QUILLEBEUF le 31 août avec le (remorqueur à) vapeur en suivant par vents d'ouest plusieurs navires français qui faisaient la même route.
Nous avions perdu la terre de France de vue le soir à 8 heures et demie, à deux heures nous étions à BEACHYHEAD - à 8 heures nous étions à DUNGENESS (cap britannique sur la côte du Kent) à 10 heures et demi au Pas de Calais, bonne brise, faisant route au Nord Est, un temps de bruine. Le soir à 9 heures rendu à GALLOPER. Le lendemain matin à 10 heures rendu à CROMER. Nous trouvons des vents de Nord Est. Grand vent. Le soir nous avons été obligés de mettre à la cape par les grands vent de Nord et grosse mer toute la nuit.
Le lendemain à 8 heures du matin nous forcions de la toile. Le soir à 7 heures nous virions de bord au banc de Texel. les vents de Nord-Nord-Ouest, petite brise, la mer embellit un peu. Nous avons marché deux jours entre FLAMBOROUGHEAD et SUNDERLAND avec les vents du Nord Est. Par les vents de Nord-Nord-ouest et Nord-est nous avions vu la cote de Norvège le jeudi 8 Septembre.
Nous louvoyons avec les vents de Sud-Sud-Est jusqu'au 17 Septembre que nous entrons à GRUNDFJORD grâce aux pilotes de BERGEN. Nous sommes partis de GRUNDFJORD à 8 heures au matin du 26 Septembre avec les vents du Nord - bonne brise jusqu'à 4 heures, nous avions ramassé la grande voile et toutes les autres voiles hors hunier.
A 7 heures nous avons ramassé le hunier et mis la trinquette. les vents plus d'ouest fraichissent toujours. A 8 ½ heures nous avons ramassé la trinquette et laissait à fuir à sec de toile.
A 11 ½ heures le navire échoua sur les cailloux à la pointe de KLEPP à JORDUN .
Nous travailions de suite à la chaloupe pour la mettre à flot. Les flots embarquaient sur le pont et remplirent la chaloupe d'eau. Nous ne pouvions pas la mettre à flot. Nous passions à la yole de suite et coupions les garants et jetions à flot ayant la bosse du canot attachée au bord du navire. Les flots ont rempli le canot et l'ont démoli. Le navire fatiguait beaucoup et finit par s'ouvrir, les flots ont jeté la chaloupe au loin du bord sans avoir aucun mal, aussitôt j’allais jusqu'à la chambre et appelais le matelot qui était descendu dans la chambre - deux fois sans avoir aucune réponse, il est resté mourir à bord du navire.
Le fils du capitaine était mort 2 heures avant que nous avions quitté le navire. Le navire était ouvert lorsque nous l'avons abandonné.
Nous nous embarquions dans la chaloupe et nous primes le capitaine qui était déjà à flot presque mort dans le canot. Nous étions 5 personnes en partant du bord Quand nous étions un peu éloignés du navire le canot chavirait. Le capitaine, un matelot et le mousse restaient morts. Le capitaine et le mousse sont restés morts dans le canot. Le mousse a disparu comme le canot chavirait. Nous sommes restés longtemps accrochés à la quille du canot , la mer était bien grosse. Enfin le canot se redressa. Nous parvenions à nous embarquer dans le canot. A près quelques temps le canot se rendait à terre Nous nous jetions sur le caillou et abandonnions le canot vers 3 heures du matin. Il restait à bord du navire LE BIBOUL Vincent- Marie, mousse, fils du capitaine, âgé de 12 ans et un matelot, nommé MADEC, Jacques Magloire - âgé de 49 ans. Dans le canot restaient le capitaine LE BIBOUL Félix - âgé de 50 ans - un autre matelot nommé LE DOUARIN Joachim Marie âgé de 30 ans. Le mousse qui a disparu lorsque le canot a renversé se nommait BLANCHO Jean Marie, agé de 16 ans. Ils ont tous péris ensemble depuis minuit jusqu’à deux heures.
1er Octobre 1853 »
GICQUEL Jean Vincent,
LE GUERANNIC Louis Marie.
Document retrouvé par Thore REFVE aux archives départementales de Rogaland, Norvège.