Blanche-Marguerite, Goèlette au cabotage Naufrage en Norvège en septembre 1853

Bulletin municipal de Saint-Gildas

Courrier de Nils Egil GRUDE et courrier de Yvon MAUFFRET

 Courrier de Mr NILS EGIL GRUDE paru dans le bulletin municipal de St-Gildas-de-Rhuys en 1996.

SORE Skogveil 89,

5037 Solheimsviken Norvège

Bergen, le 27 septembre 1996

Madame, Monsieur,

Je me permets de vous adresser un court document concernant des marins, hommes, femmes ( ?), enfants de Saint-Gildas et des environs, qui ont connu au 19ème siècle, une triste histoire sur la côte sud de mon pays.

Par ma famille, j’ai eu récemment connaissance de l’existence, à REVE, près de STAVANGER, de ce qu’on appelle « les tombes françaises ». Il s’agit de 5 tombes de personnes ayant trouvé la mort au cours d’un naufrage, en 1853, devant REVE, qui a d’ailleurs longtemps possédé une station de sauvetage en mer.

Je vous joins donc la référence des 5 français ainsi que le commentaire du curé de KLEPP (La commune ou se trouve REVE) espérant que ceci intéressera peut-être des descendants, ou des amateurs d’histoire maritime. En plus, il existe des copies de ce qui a été écrit par les journaux de STAVANGER sur la tempête, les naufrages, cette nuit-là (il y avait aussi un bateau de BERGEN « De 2de Brodre ») et des évènements qui, en ce temps-là suivaient les naufrages, enterrements, que faire des épaves, vente aux enchères des cargaisons, etc…

Ma famille, du côté de mon père, habite à REVE et a eu une longue tradition comme pilote (de mer) locaux et comme équipage dans la station de sauvetage de REVE. La famille à REVE, et surtout un cousin de mon père qui s’intéresse beaucoup à l’histoire locale, m’a donné toutes les informations sur ces évènements qui se sont passés en 1853 à REVE.

Les tombes françaises sont dans le vieux cimetière de l’église à ORRE. Dans les livres d’église (documents municipaux) de la commune de KLEPP, dans le département de ROGALAND, il est inscrit que ces cinq français trouvèrent la mort le 26 septembre 1853 et furent enterrés le 30 septembre 1853.

- Capitaine Félix Le Biboul, âgé de 49 ans et demi, né le 23 avril 1804, domicilié à St Gildas,

département du Morbihan, syndicat de Sarzeau, quartier de Vannes.

- Cuisinier Vincent Marie Le Biboul, âgé de 12 ans, domicilié à St Gildas.

- Matelot Jacques Magloire Madec, âgé de 48 ans, né le 3 juillet 1805, domicilié à St Gildas.

- Matelot Joachim Marie Le Douarin, âgé de 30 ans, né le 7 septembre 1823, domicilié à Sarzeau.

- Cuisinier (de bateau) Jean-Marie Blancho, 15 ans, né le 10 septembre 1838, domicilié à St Gildas.

Dans le livre d’église, le prêtre a fait les commentaires suivants :

- Le 26 septembre à onze heures et demie du soir, la goélette « La Blanche Marguerite » faisait naufrage sur le récif de Jaeren (Jaerens Rev) dans une terrible tempête. La goélette venait de Rouen par Gothenborg (Goteborg en Suède) et avait été déchargé à Grundfjord ( Ndlr : Ou, selon les indications de Nils GRUDE à Grundesund près de FESTE 40 km au nord de Bergen) à 4 lieues de Bergen le même jour.

- Le capitaine et quatre membres de son équipage, entre autres son fils âgé de 12 ans, ont trouvé la mort. Les corps du capitaine et de Le Douarin furent trouvés dans le canot de sauvetage. Les autres corps ont été trouvés quelques temps après dans l’eau. Deux hommes seulement s’étaient sauvés par le canot de sauvetage. C’étaient les matelots Jean Vincent Gicquel et Louis Marie Le Guerann(ic), tous les deux domiciliés à St Gildas.

Fin du courrier de Mr NILS EGIL GRUDE.

A la lecture de ce bulletin municipal, Yvon MAUFFRET (de Saint-Gildas-de-Rhuys) a écrit à Niels Egil GRUDE, lettre datée du 4 octobre 1996.

Cette lettre a été retrouvée en Norvège (près de Nils GRUDE) par Jacques BOUCHER lors de son road-trip en août 2025:

"Monsieur,

Le dépositaire de « Ouest France » a eu l’excellente idée de me remettre le dossier concernant le naufrage de la « Blanche Marguerite » sur les côtes norvégiennes en 1853. Je suis écrivain et si je suis connu surtout comme Romancier pour la jeunesse, je me suis aussi penché sur l’histoire et la vie de la Presqu’île de Rhuys dont je suis originaire. Tous mes ancêtres étaient marins, maîtres de barque, Capitaines, (mon père l’était, et a fini sa carrière comme pilote de Lorient). Vous devinez avec quel intérêt j’ai pris connaissance de votre communication. J’ai un trisaïeul qui s’appelait LE BIBOUL et qui peut-être était apparenté au malheureux capitaine de la goëlette.

  - 1853, c’est la grande époque du cabotage local . Toutes les familles qui le peuvent arment un navire , le confient à l’un des leurs et cela va durer jusqu'en 1870, pour décroître et disparaître à la fin du siècle . Les naufrages ont été certainement nombreux, mais je n'avais jamais entendu parler de celui que vous mentionnez, d'où son grand intérêt. Il y a encore dans ce pays des Madec, des Blancho , des Guérannic !

J'ai l'intention de faire paraître un article dans la Presse locale, concernant ce naufrage. J'aurais aimé l'illustrer d'une photo ou d'une carte postale , représentant " Les tombes françaises ". Cela existe-il ,et si oui, serait-ce abuser de votre bonté , en vous demandant de m'en expédier un exemplaire ?

Merci en tout cas, de tout cœur.

Signé : Yvon MAUFFRET " 1927-2011

Une autre personne, qui avait 85 ans en 1996, a contacté Nils GRUDE et, estimant qu'il était trop agé pour faire le voyage, a demandé à son neveu Berard VILIAN de se rendre à ORRE. Cette visite a fait l'objet d'un article dans la presse norvégienne.

 


© Jean-Marc LE JENDRE 2025

Date de dernière mise à jour : 04/10/2025