Blanche-Marguerite, Goèlette au cabotage Naufrage en Norvège en septembre 1853

Jugement

« …-Jean-Marc, toi qui consultes les archives municipales de la Presqu’île-de-Rhuys, tu pourrais me retrouver des cousins sur St-Gildas dans les années 1850 ?

-Oui, Yannick, mais des cousins à Saint-Gildas, tu en as des centaines … ! »

Natif de Saint-Gildas et faisant moi-même des recherches depuis une vingtaine d’années, des noms de familles reviennent souvent, LE HESCHO, COQUEN, LE GALLIC, RIO, KERIGNARD, LE BIBOUL…

Et quand je découvre le document relatant le naufrage de la Goëlette « La Blanche- Marguerite », Capitaine LE BIBOUL, transcrit ci-dessous, je fais le rapprochement avec Félix LE BIBOUL, qui figure dans mon arbre généalogique, arrière-arrière-grand-père de Yannick, mon cousin germain.

Extrait des minutes du Greffe du tribunal de première instance de Vannes, quatrième arrondissement, Département du Morbihan.

A Messieurs les Présidents et Juges, composant la première chambre civile du Tribunal de première instance de Vannes.

Jugement qui constate le lieu et l’époque du décès de Félix et de Vincent Marie LE BIBOUL de Kerfagot.

Le Procureur Impérial près le Tribunal à l’honneur d’exposer ;

De l’extrait de la Matricule des navires de commerce du quartier de Vannes, il résulte que la goëlette Blanche Marguerite s’est perdue sur les côtes de Norvège le vingt-six septembre mil huit cent cinquante-trois et que les nommés :

LE BIBOUL Félix, Capitaine du navire

LE DOUARIN Joachim Marie, matelot

MADEC Jacques Magloire, idem

BLANCHO Jean Marie, mousse

LE BIBOUL Vincent Marie, idem

Ont péri dans ce sinistre.

Ce document est confirmé spécialement en ce qui concerne les sieurs LE BIBOUL père et fils par plusieurs autres pièces.

A la même date, le nommé GICQUEL (Jean Vincent) matelot de l’équipage Blanche Marguerite, écrivait « qu’il venait de perdre son navire sur la pointe de Klepp, Norvège, que cinq hommes de l’équipage avaient péri et que le matelot LE GUERANNIC et lui s’étaient seuvés ; que le capitaine LE BIBOUL, LE DOUARIN et MADEC avaient reçu la sépulture et que les deux autres cadavres n’avaient pas été retrouvés ».

Le trente octobre mil huit cent cinquante-trois, un ecclésiastique de Klepp, près Stavanger, faisait connaître à la Dame LE BIBOUL que le cadavre du jeune Vincent Marie LE BIBOUL, retrouvé après celui de son père avait été inhumé dans la même tombe par les soins du signataire de la lettre.

Enfin, il est appris par le Maire de la commune de St Gildas (ndlr : Saint-Gildas-de-Rhuys, Morbihan, Bretagne, France) que le matelot LE GUERANNIC (ndlr Louis-Marie), revenu dans cette commune depuis le sinistre du vingt-six septembre, pu raconté devant de nombreux témoins et conformément aux renseignements qui précèdent les détails du naufrage. Le sieur (ndlr Louis-Marie) LE GUERANNIC et (ndlr Jean Vincent) GICQUEL sont aujourd’hui en mer et qu’il était nécessaire d’attendre leur retour, pour procéder à une enquête avant de constater judiciairement le décès des sieurs LE BIBOUL père et fils, ce retard porterait atteinte à des intérêts sérieux.

La preuve du décès de Sieurs LE BIBOUL père et fils, se fait d’ailleurs, d’une manière certaine et complète des documents analysés ci-dessus. Je soussigné conclut en conséquence à ce qu’il vous plaise, Déclare par un jugement qui sera transcrit sur les registres de l’état civil de la commune de St Gildas et mentionné sur les mêmes registres en marge de l’acte le plus rapproché par la date du vingt-six septembre mil huit cent cinquante-trois. Que les nommés

1-Félix LE BIBOUL, maître au cabotage, né à St Gildas, le vingt-trois avril mil huit cent quatre, domicilié en la même commune, époux de Marie Louise Barbe MAHEAS.

2- Vincent Marie LE BIBOUL, Mousse, né à St Gildas, le six mai mil huit cent quarante et un, domicilié en la même commune, fils de Félix et de Marie Louise Barbe MAHEAS,

Sont décédés le vingt-six septembre mil huit cent cinquante-trois, sur les côtes de Norvège, près de Klepp.

Au parquet le 25 janvier 1854. Pour le Procureur Impérial, signé Galles Substitut.

Soit fait rapport par nous à l’audience de demain,

Vannes le 26 janvier 1854, le Président du tribunal signé Terrier de Laistre.

Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, Empereur des Français, à tous présents et à venir, Salut. ;

Le tribunal civil de première instance de Vannes a rendu le jugement dont la teneur suit :

Du vingt-sept janvier mil huit cent cinquante-quatre,

Audience publique tenue au palais de justice de Vannes, par la première chambre du tribunal de première instance à Vannes, ou siégeaient Messieurs Terrier de Laistre, Président, Rialan et Loysel, juges, présents Monsieur Galles substitut du Procureur Impérial et maître Bardin, commis greffier.

Vu la requête et les pièces à l’appui ; le Tribunal après avoir entendu Monsieur le Président dans son rapport et Monsieur le Substitut dans ces conclusions orales, et après avoir délibéré conformément à la loi. Attendu qu’il résulte des documents fournis et sans qu’il soit besoin de recourir à une enquête, la preuve que

1° le Sieur Félix LE BIBOUL, Maître au Cabotage, né à St Gildas le vingt-trois avril mil huit cent quatre, domicilié en la même commune, époux de Marie Louise Barbe MAHEAS

2° Vincent Marie LE BIBOUL, né à St Gildas le six mai mil huit cent quarante et un, domicilié de la même commune, fils de Félix et de Marie Louise Barbe MAHEAS,

sont morts en Mer le vingt-six septembre mil huit cent cinquante-trois sur les côtes de Norvège, près de Klepp par suite du naufrage de la Goëlette Blanche Marguerite, dont ils faisaient partie de l’équipage.

Pour ces motifs.

Dit et jugé que lesdits Félix et Vincent Marie LE BIBOUL sont décédés sur les côtes de Norvège, près de Klepp, le vingt-six septembre mil huit cent cinquante-trois.

Ordonne que le présent jugement qui tiendra lieu de l’acte de décès des dits Félix LE BIBOUL et Vincent Marie LE BIBOUL sera trancrit en entier sur les registres courants des actes de l’état civil de la commune de St Gildas, par l’officier de l’état civil, aussitôt qu’expédition lui en aura été remise et que mention de ce jugement sera faite en marge de l’acte le plus rapproché du vingt-six septembre mil huit cent cinquante-trois sur les doubles registres de ladite commune.Ordonne que le présent jugement sera enregistré gratis, attendre l’indigence des partis interressés. Ainsi jugé et prononcé en audience publique les dits jours et an. Signé Terrier de Laistre et Bardin.

Enregistré gratis à Vannes le 10 février 1854, f° 57 case 4, Signé Philippe, transcrit à St Gildas le premier Mars mil huit cent cinquante-quatre ; par nous Maire soussigné. Deux mots rayés approuvés plus un mot interligné.

Le HECHO, Maire.


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Date de dernière mise à jour : 04/10/2025

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